- 13 Février 2017: Un levier économique marginalisé Tourisme de montagne à Tizi Ouzou
Un levier économique marginalisé
Tourisme de montagne à Tizi Ouzou
Le tourisme balnéaire saisonnier a longtemps été le volet où se résume toute l'activité touristique dans la wilaya deTizi Ouzou. L'investissement s'est orienté vers les villes côtières aux dépens des régions montagneuses.
Le tourisme en montagne est à ce jour un volet peu exploité, malgré toutes les capacités naturelles dont regorge la région. L'absence de sécurité, il y a quelques années, a laissé place aujourd'hui au manque d'infrastructures d'accueil et d'hébergement en montagne. Ces localités sont restées à l'état brut, mais attirent malgré cela de nombreux visiteurs chaque année et en toutes saisons, fascinés par la variété des potentialités naturelles de la région.
Les majestueux monts du Djurdjura, Tikjda ou encore Tala Guilef, sont tout autant de sites à valoriser. Le nombre de touristes serait bien plus important si de bonnes conditions d'accueil étaient assurées. L'investissement dans le cadre d'aménagements touristiques existe peu ou pas du tout. La majorité des 3827 lits que compte la wilaya est recensée dans les villes côtières ou en urbain, et plus on s'éloigne de la mer, moins on a la chance de trouver un lieu d'hébergement. «Les regards commencent à s'orienter de plus en plus vers la montagne», souligne le directeur du tourisme àTizi Ouzou, Rachid Gheddouchi. Il annonce d'ailleurs l'ouverture prochaine d'un hôtel de 48 lits réalisé par un investisseur privé dans la commune de Zekri, au nord-est deTizi Ouzou.
Le responsable parle aussi de onze infrastructures d'accueil en cours de réalisation par des opérateurs dans le secteur, notamment à Boghni, Aghribs, Illoula Oumalou et Timizart. D'autres projets sont en cours d'implantation, dira-t-il, citant l'exemple d'un relais routier à Aït Zikki, des hôtels à Fréha, Draâ El Mizan et Aïn El Hammam ou d'un village touristique et un établissement de détente à Aghribs. Une manière de rapprocher l'infrastructure de la montagne en attendant mieux. Le responsable estime que cela permettra «d'assurer une répartition homogène des structures touristiques, tout en incitant les touristes à s'orienter vers la montagne avec l'existence de structures d'hébergement à proximité des sites naturels». Outre le manque de structures d'hébergement, les lieux de détente et de loisirs sont inexistants en montagne.
La valorisation du tourisme vert ne peut cependant se faire sans l'aménagement d'endroits attrayants pour les visiteurs. Des projets existent mais ne sont pas encore concrétisés sur le terrain. L'aménagement des berges du barrage de Taksebt, annoncé il y a plusieurs années, cumule les retards. Les équipements prévus peuvent pourtant assurer l'attrait dans cette région. Il s'agit en effet de terrains pour activités sportives et campings, d'espaces verts et lieux de détente, de pistes cyclables et autres parcours de pêche. Ces projets, en plus de promouvoir le tourisme en montagne, vont aussi devenir une ressource économique et des vecteurs de création d'emplois pour les communes limitrophes d'Aït Mahmoud, de BeniDoualaet d'Aït Aïssi.
Bureaucratie et projets à la traîne
Le secteur du tourisme vise aussi la création de forêts récréatives afin d'encourager le tourisme loin de la mer et pendant toute l'année. Des études sont engagées dans ce sens à Yakouren, à l'est de la wilaya, sur un espace de 20 ha, ainsi que sur 66 ha, à Harouza, près de la ville deTizi Ouzou, souligne le directeur du tourisme, ajoutant que des demandes sont introduites pour des projets similaires dans l'Akfadou, Tala Guilef et Aït Aggouacha. Il reste cependant que ces projets ne sont encore que de l'encre sur papier. Leur concrétisation dépend en effet des engagements effectifs entrepris sur le terrain, car souvent des contraintes surgissent, empêchant toute réalisation. Ramdane Ladaouri, président de la commission du tourisme à l'APW deTizi Ouzou, estime en effet que les lenteurs administratives pour l'attribution des permis de construire sont en grande partie responsables de la situation.
Des aléas qui freinent l'investissement dans le domaine touristique, notamment en montagne. Il affirme qu'un hôtel récemment achevé a été réalisé avant l'obtention d'un permis de construire. L'on se demande si outrepasser la loi est réellement le seul moyen de faire aboutir les projets d'investissement. A cela viennent s'ajouter les différentes réserves émanant des services, comme l'agriculture ou les forêts, affirme l'élu.
La valorisation du tourisme de montagne passe aussi par l'organisation et la coordination du travail des offices et agences de voyages pour une bonne promotion de la destination «montagne àTizi Ouzou». La wilaya dispose de tous les atouts naturels, culturels, historiques, archéologiques culinaires et autres potentialités à même de booster le tourisme de montagne et en faire un véritable créneau économique.
Tassadit Chibani
El Watan
le 13 - 02 - 2017